Mobilisation communautaire et communication à fort impact : un modèle de réponse durable

Pays
Niger

En mai 2025, le Niger a lancé une campagne de vaccination contre la poliomyélite à grande échelle, mobilisant plus de 24 000 agents formés sur le terrain et atteignant plus de 9,2 millions de personnes à travers le pays. Grâce à une planification rigoureuse, une approche communautaire ciblée et une stratégie de communication multicanal, la campagne a vacciné près de 3,9 millions d’enfants, rejoint les populations vulnérables et mobiles, et résolu 93 % des refus enregistrés. Cette approche constitue une référence puissante pour les urgences sanitaires futures et le renforcement durable des systèmes de santé.

Dans un contexte sanitaire encore marqué par des défis structurels et logistiques, la campagne nationale de vaccination contre la poliomyélite menée au Niger en mai 2025 se distingue par une mobilisation communautaire d’envergure, appuyée par une stratégie de communication multicanale rigoureusement planifiée. Cette initiative multisectorielle, fondée sur la synergie entre les équipes de mobilisation sociale, les autorités locales, les leaders d’opinion, les médias et les relais communautaires, représente un tournant majeur à la fois pour l’éradication de la poliomyélite et pour le renforcement des systèmes de santé publique.

Le lancement officiel de la campagne a eu lieu à travers 68 cérémonies organisées dans les Districts Sanitaires (DS) et Directions Régionales de la Santé Publique (DRSP), déclenchant une dynamique d’engagement collectif. Ces événements ont été suivis de 2 280 réunions de plaidoyer qui ont permis de sensibiliser les acteurs institutionnels et politiques à l’urgence de la vaccination. Les comités de mobilisation sociale ont conduit 680 réunions de coordination pour affiner les stratégies de message et structurer les interventions sur le terrain – assurant une couverture cohérente et efficace sur l’ensemble du territoire.

Au total, plus de 9,2 millions de personnes ont été touchées directement par 12 332 relais communautaires nouvellement formés, appuyés par 12 138 agents existants. Les activités ont ciblé délibérément des groupes souvent oubliés tels que les personnes déplacées internes, les réfugiés, les populations nomades et transhumantes – atteignant plus de 128 000 personnes. Des actions spécifiques ont également été menées dans les marchés, les postes frontaliers, les puits et les écoles, intégrant la vaccination au quotidien.

La campagne s’est appuyée sur un mix puissant de communication de masse et de proximité. Les messages de santé ont été diffusés à travers 216 émissions radio, 3 productions audiovisuelles TV, et 20 influenceurs numériques – atteignant environ 17 millions de personnes via la télévision, 11,6 millions par la radio et 3,8 millions sur les plateformes digitales. Cette approche multicanale, complétée par les crieurs publics (13 558 personnes atteintes) et les causeries éducatives (13 840 participants), a permis d’ancrer le message de vaccination dans la culture locale et d’en renforcer l’acceptation.

Des résultats concrets

Les résultats sont parlants : 2 424 656 ménages ont été visités, conduisant à l’enregistrement de 3 898 335 enfants de 0 à 5 ans. Parmi eux, 51 cas de paralysie flasque aiguë (PFA) ont été identifiés et signalés par les relais communautaires. Sur les 246 cas de refus enregistrés, 230 ont été résolus avec succès grâce à des stratégies de dialogue communautaire ciblées – démontrant l’efficacité des mécanismes de remontée d’information et d’engagement mis en place. Ces chiffres témoignent d’une appropriation communautaire forte et d’un haut niveau de confiance envers les systèmes de santé publique.

Vers des résultats durables

Cette campagne apporte une preuve concrète d’un modèle réplicable à grande échelle, fondé sur trois piliers : une planification rigoureuse, une implication communautaire renforcée et un message adapté aux réalités locales. L’investissement consenti a permis d’obtenir non seulement des résultats solides en santé publique, mais aussi de renforcer la confiance entre les communautés et les institutions. Ce succès opérationnel, soutenu par une volonté politique claire, plaide en faveur d’un appui accru des partenaires techniques et financiers pour pérenniser les acquis et étendre ce type d’initiatives.

Le Niger a montré qu’avec une coordination solide, des ressources bien déployées et un engagement sincère des communautés, des progrès décisifs vers l’éradication de la poliomyélite sont possibles. Ce modèle orienté vers la performance et la redevabilité constitue une référence pour les interventions sanitaires futures – et appelle à investir davantage dans la résilience des systèmes et la durabilité des résultats.