Vivre avec la polio : le courage et la résilience d’une survivante nigérienne
En mai 2025, le Niger a mobilisé plus de 24 000 agents de santé et relais communautaires pour atteindre 9,2 millions de personnes lors d’une campagne nationale de vaccination contre la poliomyélite. Près de 3,9 millions d’enfants ont reçu des vaccins oraux vitaux dans les centres urbains comme dans les zones les plus reculées – y compris les communautés transhumantes. Mais au-delà des chiffres, cette campagne a mis en lumière des histoires personnelles de résilience et de transformation. Celle d’une femme de Niamey, survivante de la polio, en est l’un des témoignages les plus marquants.
Dans un quartier animé de Niamey vit une femme dont le témoignage a inspiré toute une communauté. Diagnostiquée avec la poliomyélite dès son plus jeune âge, sa vie a été profondément marquée par cette maladie virale – aujourd’hui évitable grâce à la vaccination. Sa jambe droite, affaiblie par les séquelles de la maladie, l’a contrainte à vivre avec une mobilité réduite. Mais c’est surtout dans son esprit et dans son cœur qu’elle a dû puiser la force d’affronter les défis du quotidien.
Dès l’école, elle a fait face au regard parfois cruel des autres. Certains camarades étaient bienveillants et curieux ; d’autres se moquaient de sa démarche ou posaient des questions blessantes. Elle souhaitait simplement être comme les autres – jouer, apprendre, rêver – sans que son handicap ne la définisse. Ces années ont forgé une détermination silencieuse : celle d’être reconnue pour ce qu’elle est, au-delà de sa différence.
Soutenue par l’amour et l’encouragement de ses parents, elle a poursuivi ses objectifs, malgré un parcours semé d’embûches. Devenue mère, elle a connu l’angoisse de voir son propre enfant tomber malade – chaque épisode ravivant la douleur de son propre diagnostic. Sa plus grande crainte : voir l’histoire se répéter.
Adulte, elle transforme son expérience en engagement. Journaliste et militante, elle sensibilise le public aux enjeux liés à la polio et au handicap. Pour elle, raconter son histoire, c’est avant tout un acte de solidarité. C’est montrer qu’une vie digne et épanouie est possible, quelles que soient les circonstances.

Photo : Survivante de la polio à Niamey, cette militante partage son histoire pour protéger les générations futures — sensibilisant par le journalisme et appelant chaque parent à faire vacciner son enfant. © UNICEF Niger / Niamey Mai 2025 / Pie Roger
« Vivre avec un handicap ne signifie pas être limité », dit-elle. « Cela m’a poussée à devenir plus forte, à me battre non seulement pour mes droits, mais aussi pour ceux des autres. »
Aujourd’hui, elle est fière de son travail, de sa vie de famille et de son engagement dans les programmes éducatifs et communautaires. Son message est clair : le handicap ne définit pas une personne. Avec du soutien, de la détermination et des opportunités, chacun peut surmonter l’adversité.
Sa voix est aussi un appel à l’action. Elle exhorte tous les parents à faire vacciner leurs enfants.
« La vaccination est un acte d’amour et de responsabilité », affirme-t-elle. « Aucun enfant ne devrait vivre ce que j’ai vécu. »
Son témoignage nous rappelle que derrière chaque chiffre, il y a une vie – et que la lutte pour éradiquer la polio repose autant sur la confiance, la visibilité et la dignité que sur les vaccins.