Nana, une enseignante au cœur d’une communauté unie par la vaccination
En mai 2025, le Niger a lancé une campagne nationale de vaccination contre la poliomyélite, atteignant près de 3,9 millions d’enfants de moins de cinq ans. Derrière ce succès se trouvent des milliers de champions locaux comme Mahamadou Nana, institutrice à Niamey. Son histoire montre comment la confiance, les liens communautaires et le leadership de proximité peuvent briser les hésitations et rapprocher les vaccins de ceux qui en ont le plus besoin.
Dans le quartier Aéroport 2 de Niamey, il suffit de franchir les portes de l’école primaire pour ressentir l’énergie qui anime les lieux. Depuis 19 ans, Mahamadou Nana y enseigne avec discrétion et dévouement. Mais au-delà des cahiers et des tableaux noirs, une autre mission lui tient particulièrement à cœur : protéger ses élèves—et plus largement sa communauté—contre les maladies évitables comme la poliomyélite.
Mère de quatre enfants—deux filles et deux garçons—tous vaccinés, Nana parle en connaissance de cause. Elle a vu ses propres enfants grandir en bonne santé grâce aux vaccins, et elle observe chaque jour dans sa classe l’impact que cela peut avoir sur la scolarité et l’avenir des jeunes.
« La vaccination permet aux enfants de rester à l’école, d’apprendre sans interruption, sans être freinés par la maladie. C’est un véritable bouclier, surtout pour les familles qui n’ont pas facilement accès aux soins de santé », explique-t-elle.
Pendant longtemps, la vaccination en milieu scolaire a suscité de la méfiance. Les parents exigeaient une autorisation préalable, et certains refusaient simplement que leurs enfants soient vaccinés hors du domicile.
Mais un jour, tout a changé. Nana a assisté à une séance d’information animée par des relais communautaires dans son quartier. Touchée par leur message, elle a décidé de le transmettre à sa manière, avec ses propres mots.
« J’ai parlé avec les parents qui venaient à l’école. Je leur ai expliqué pourquoi c’était important, pourquoi j’avais moi-même vacciné mes enfants. Petit à petit, ils ont écouté. Ils ont compris. »
Grâce à son engagement, les parents ont commencé à accepter la vaccination à l’école—puis à la soutenir activement. Davantage d’enfants étaient présents, les absences ont diminué, et l’école est devenue un lieu de confiance—tant pour l’apprentissage que pour la santé.
« J’ai vu les regards changer. J’ai vu des mères hésitantes devenir des mères convaincues. C’est une petite victoire à chaque fois. »
Aujourd’hui, Nana est devenue un véritable pilier de sa communauté, une personne de confiance pour les familles. Son histoire montre que les efforts nationaux—comme la vaste campagne menée en mai 2025, qui a mobilisé plus de 24 000 agents et atteint les populations nomades, déplacées et transhumantes—reposent aussi sur des champions du quotidien comme elle.

Photo : Mahamadou Nana, enseignante dans une école primaire à Niamey, est devenue une fervente défenseure de la vaccination dans sa communauté — aidant à transformer l’hésitation en soutien et faisant de l’école un lieu sûr pour la santé et l’apprentissage. ©UNICEF Niger/ Niamey Mai 2025/ Pie Roger
Ce que nous rappelle le parcours de Nana, c’est que les campagnes nationales de santé ne suffisent pas à elles seules. Ce qui compte aussi—et peut-être davantage—ce sont les visages familiers, les voix proches et les personnes de confiance qui relaient les bons messages. Et dans ce rôle, Nana excelle. Avec bienveillance, elle a tissé un lien entre l’école, les familles et les campagnes de santé publique. C’est l’histoire d’une femme ordinaire qui, par ses gestes quotidiens, génère un changement extraordinaire.