Les données sociales peuvent expliquer, nuancer et complémenter les données épidémiologiques et autres données du programme. Elles sont utiles pour identifier les enfants qui n’ont pas reçu de vaccin et les raisons pour lesquelles ils n’ont pas été vaccinés, et pour mieux comprendre les attitudes, les perceptions et le comportement en matière de santé préventive de leurs parents. Les données sociales permettent également d’élaborer les interventions programmatiques afin d’améliorer la mobilisation des parents et des communautés.
Par exemple, savoir que 10 % des enfants d’un district donné n’ont pas reçu de vaccin constitue seulement la première étape de l’analyse. Pour analyser cette donnée plus en détail et identifier des moyens de résoudre de problème, vous devez décortiquer les données sociales en explorant les raisons à l’origine de ce chiffre.
Ces 10 % représentent peut-être surtout des refus. Pourquoi ces personnes ont-elles refusé le vaccin ? Peut-être parce que la composition de l’équipe ne convenait pas. Pourquoi ? Peut-être parce que selon la culture locale, les femmes non accompagnées n’ont pas le droit d’entrer dans les foyers.
Dans ce cas précis, pour résoudre ce problème, vous pouvez recruter des équipes mixtes, former davantage les agents à la communication interpersonnelle, et trouver des façons de mobiliser et d’encourager davantage les mères à demander à ce que leurs enfants soient vaccinés.
Les données sociales nous aident à mieux comprendre les raisons des absences ou des refus. Elles nous sont également utiles pour identifier les leaders d’opinion influents dans les zones à haut risque, ainsi que les principaux freins sociaux et culturels à l’acceptation du vaccin.
Les populations sont guidées par les normes sociales ainsi que leurs pratiques et croyances sociales et culturelles. La prise de décision au niveau individuel doit être replacée dans le contexte des règles sociales de comportement et des croyances et pratiques établies de longue date.
De nombreux outils et méthodes existent pour recueillir les données sociales. Ils peuvent être quantitatifs, qualitatifs ou les deux à la fois (profilage social des cas ou enquêtes sur les enfants n’ayant pas reçu de vaccin, par exemple).
- Enquêtes quantitatives (enquêtes sur les connaissances, les attitudes et les pratiques)
- Études qualitatives (études anthropologiques, études ethnographiques et études sur les populations mobiles) : études et analyses documentaires, groupes de réflexion, entretiens approfondis, observations
- Outils mixtes (profilage social, enquêtes spéciales) : profilage des cas de poliomyélite et de paralysie flasque aiguë (PFA)
Il est essentiel de comprendre les forces et faiblesses de ces méthodes pour les utiliser à bon escient.
Méthode quantitative |
Méthode qualitative |
Méthode mixte |
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Avantages : Quantitative Représentative Indépendante |
Avantages : Méthode qualitative Discussion riche Indépendante |
Avantages : Rapide Perspectives approfondies N’inclut pas seulement les données sociales Adaptée au contexte |
Inconvénients : Peu précise Fondée sur les déclarations volontaires Coûteuse |
Inconvénients : Peu représentative Fondée sur les déclarations volontaires |
Inconvénients : Assez peu représentative Pas indépendante Fondée sur les déclarations volontaires |
Méthode quantitative
Il existe de nombreux exemples d’enquête réussies sur les connaissances, les attitudes et les pratiques, mais ces dernières années, l’UNICEF s’est associé à la Harvard School of Public Health pour élaborer une méthodologie de recherche solide afin d’identifier les facteurs clés de comportement permettant un environnement favorable aux campagnes de lutte contre la poliomyélite. L’échantillonnage représentatif, des outils de recherche complets et un travail de supervision approfondi sur le terrain dans le cadre de la collecte des données permettent de mesurer de manière fiable la mobilisation, l’acceptation, la crédibilité et le degré de confiance de la communauté dans la vaccination antipoliomyélitique. Cliquez ici pour en savoir plus sur ce programme d’enquêtes et consulter des exemples d’instruments de recherche.
Méthode qualitative
Le programme de lutte contre la poliomyélite compte de nombreux exemples d’études de recherche qualitatives qui ont permis d’identifier les obstacles à la vaccination antipoliomyélitique en s’appuyant sur des entretiens individuels et de groupe, et en étudiant le contexte ainsi que les pratiques culturelles des communautés Ces études sont donc très souvent spécifiques à des régions, à des pays, et même à des groupes d’intérêts précis. L’UNICEF a également conclu des accords à long terme avec 11 sociétés d’analyse et de recherche d’excellence certifiées pour faciliter le processus. Cliquez ici pour consulter la section consacrée aux accords à long terme.
Méthode mixte
Les enquêtes de cas de poliovirus confirmé et de paralysie flasque aiguë sont une méthodologie mixte propre à l’IMEP qui fournit des données épidémiologiques et sociales sur les familles et les communautés affectées par la poliomyélite. Une équipe multidisciplinaire constituée d’épidémiologistes, de médecins, de laborantins, d’agents de gestion des vaccins ainsi que de professionnels de la mobilisation sociale et de la communication du gouvernement, de l’UNICEF et de l’OMS est déployée pour mener un examen complet et détaillé répondant aux critères définis par l’IMEP. Les organismes peuvent prendre l’initiative dans certaines régions. Par exemple, l’UNICEF est généralement responsable de l’évaluation communautaire des enquêtes. Toute absence de l’un des partenaires doit être expliquée et consignée.
Le rapport d’enquête de cas approfondie fournit une mine de données sur les circonstances du cas confirmé. Ces données, associées à d’autres éléments du programme, servent à élaborer le plan de communication des interventions de vaccination. Il est donc critique de mener conjointement ces enquêtes afin de bien comprendre les facteurs de risque épidémiologiques et sociaux de l’enfant, de sa famille et de la communauté.
Le formulaire d’enquête approfondie de l’IMEP est disponible ici.
Dans les situations préoccupantes (clusters identifiés de poliovirus sauvage/poliovirus circulant dérivé d’une souche vaccinale, cas de paralysie flasque aiguë n’ayant pas fait l’objet d’une vaccination, enfants ayant été oubliés à répétition, refus du vaccin), il peut être nécessaire de mener une enquête spéciale en parallèle de l’enquête de cas approfondie. Cet exercice permet à l’IMEP de recueillir des informations supplémentaires pour élucider les raisons sous-jacentes pour lesquelles certains enfants sont oubliés de manière chronique.
L’outil d’enquête spéciale de l’IMEP se compose de trois sections distinctes :
Les PARTIES A et B ont pour but d’évaluer la planification des activités de vaccination supplémentaires, la compétence, la redevabilité et le leadership du personnel à l’échelle du district (PARTIE A) et du sous-district (PARTIE B). Ces parties s’intéressent aux microplans et aux documents relatifs aux activités de planification et de préparation (financements, réunions, formations, etc.) menées en amont des dernières activités de vaccination supplémentaires contre la poliomyélite et incluent également des entretiens rapides avec certains membres du personnel sur le terrain.
La PARTIE C a pour objectif d’évaluer les perceptions et attitudes de la communauté par rapport au programme de lutte contre la poliomyélite et au vaccin antipoliomyélitique, ainsi que le système de vaccination de routine dans son ensemble. Elle s’intéresse en priorité à la communauté pour laquelle une enquête a été jugée nécessaire, et inclut des entretiens rapides avec un chef local, coutumier ou religieux de la communauté ainsi qu’une enquête par grappes menée auprès de 20 ménages de la communauté.
En savoir plus
Explorez les deux autres modules proposés dans ce didacticiel en trois parties pour élaborer des stratégies de communication fondées sur des données probantes afin de vacciner tous les enfants.
Intégrez des stratégies de communication, appréhendez leurs forces et leurs faiblesses, puis évaluez leur performance.
Définissez votre public cible et les obstacles au changement, puis élaborez vos messages et sélectionnez les plateformes sur lesquelles les diffuser pour toucher votre public.