Épidémie

Qu’est-ce qu’une épidémie ?

Lorsqu’une épidémie de poliomyélite se déclare, il est essentiel de maximiser la couverture vaccinale dans la région affectée aussi rapidement que possible pour contrôle le virus et limiter sa propagation. On parle d’épidémie lorsqu’un ou plusieurs cas de poliomyélite surviennent dans une région qui n’avait pas été touchée par la maladie depuis plus de six mois. En cas d’épidémie, le facteur clé est l’existence d’une masse critique d’enfants vulnérables qui doivent être vaccinés rapidement avant que le virus ne puisse se propager.

Stratégie de communication en cas d’épidémie

La stratégie de communication en cas d’épidémie de poliomyélite se compose de deux phases distinctes : la communication en phase d’intervention immédiate et la communication en phase adaptative.

Communication en phase d’intervention immédiate

La communication en phase d’intervention immédiate intervient au début d’une épidémie et a pour but d’établir (ou de rétablir) la prise de conscience critique des personnes s’occupant d’enfants. Au début d’une épidémie, l’objectif est d’intervenir de façon massive et immédiate en fournissant à la population des informations sur l’épidémie, l’intervention prévue, la maladie, le vaccin ainsi que les agents de santé chargés de la vaccination.

Pendant la phase d’intervention immédiate, la communication doit être factuelle et claire. Son objectif principal est de sensibiliser les populations à la survenue de l’épidémie, à la maladie, au vaccin, aux dates de vaccination et à l’intervention prévue afin d’atteindre un seuil de sensibilisation d’au moins 90 % le plus rapidement possible.

Actions clés pour la communication en phase d’intervention immédiate

L’annonce d’une épidémie va immédiatement créer un sentiment de crise et une impression de menace pendant une courte période. Pendant cette période, les populations sont particulièrement sensibles aux communications liées à la crise, quel que soit leur degré de véracité. Les informer dès le départ de l’importance, de l’innocuité et de l’efficacité du vaccin permettra de dissiper les rumeurs préjudiciables aux campagnes de vaccination.

  • Analysez le public existant, le public cible, les enquêtes sur les connaissances, les attitudes et les pratiques, ainsi que les données sur les vaccins, les services de vaccination et la poliomyélite pour élaborer vos messages.
  • Analysez le paysage médiatique pour identifier les façons de toucher rapidement le plus de personnes possible au sein de la population cible.
  • Fournissez à la population des informations sur la maladie, le vaccin et les agents de santé qui viendront en aide aux enfants vulnérables.
  • Activez les agents de mobilisation sociale et communautaire dans les zones à haut risque.
  • Soulignez le caractère héroïque et motivé des campagnes de vaccination et des agents de santé pour créer un environnement de campagne favorable.

Après l’intervention initiale :

  • Recueillez des observations et des données sur la performance de la campagne.
  • Effectuez des enquêtes sur les connaissances, les attitudes et les pratiques ventilées pour évaluer le degré d’acceptation et de compréhension du programme de lutte contre la poliomyélite au sein de la communauté.
  • Analysez les enquêtes sur les connaissances, les attitudes et les pratiques pour identifier les raisons des refus et des problèmes d’accès, ainsi que les obstacles sous-jacents à la vaccination.

Communication en phase adaptative

La communication en phase adaptative commence une fois le seuil de sensibilisation atteint et implique d’identifier et de gérer les obstacles et les réussites en matière de communication.

Ce type de communication a pour but de résoudre les obstacles spécifiques qui empêchent ou limitent la couverture vaccinale dans la région affectée. Pour identifier ces obstacles, il est nécessaire d’effectuer des travaux de recherche et d’analyse sur les personnes s’occupant d’enfants et leurs connaissances, attitudes et pratiques par rapport à la poliomyélite dans le cadre de la communication en phase d’intervention immédiate. À mesure que vous identifierez les obstacles, vous devrez adapter votre communication pour pouvoir les surmonter.

De plus, la communication en phase adaptative implique d’identifier et de mettre à profit les efforts de communication précédents qui auront porté leurs fruits. Si certains éléments ou messages se sont avérés efficaces pendant les phases de communication initiales, pensez à en tirer parti pour surmonter les obstacles émergents.

La communication en phase adaptative continue jusqu’à la fin de l’épidémie.

Actions clés pour la communication en phase adaptative

  • Identifier les populations que les efforts de communication précédents n’auront que peu ou pas du tout touchées.
  • Recalibrez et affinez les stratégies de communication qui leur sont destinées.
  • Modifiez votre stratégie de communication pour vous attaquer aux causes profondes des refus et des problèmes d’accès identifiés grâce aux données des enquêtes CAP.
  • Commencez à cibler et à lutter contre les perceptions et normes sociales néfastes.
  • Identifiez et tirez parti des efforts de communication précédents fructueux.
  • Fermez la boucle en donnant les moyens aux personnes s’occupant d’enfants n’ayant pas reçu de vaccin de contacter directement l’UNICEF/les autres parties afin de faire vacciner leurs enfants.
  • Mettez l’accent sur l’importance de l’action sociale et de la protection au niveau communautaire plutôt que sur les conséquences de la maladie au niveau individuel.
  • Continuez de soutenir la mobilisation communautaire et sociale, de mobiliser les communautés et d’adapter les messages de communication en phase d’intervention immédiate aux activités de communication de masse, et inversement.

 

Processus de planification de la communication en cas d’épidémie

Le processus de planification de la communication sur la poliomyélite décrit les étapes et les décisions clés à prendre lors de l’élaboration des activités de communication. Chaque étape a, pour référence, un composant correspondant dans cette boîte à outils. Suivez ces étapes, en commençant par les étapes Publics et Régions, afin de planifier de manière systématique les activités de communication nécessaires pour votre scénario. Documentez les décisions que vous prenez et les informations que vous utilisez à chaque étape afin de vous constituer une source de référence utile pour les processus de planification futurs.

 

Analyse du public

États d’esprit : les volontaires et les réfractaires

Cette section de la boîte à outils vous aidera à comprendre les principaux états d’esprit et les types de public que votre communication doit cibler.

Commençons par l’état d’esprit. Qu’est-ce qui motive les personnes à accepter la vaccination contre la poliomyélite ? Pour beaucoup, la décision est facile à prendre : elles ont conscience de courir des risques importants de contracter la poliomyélite et de ce qu’elles peuvent faire pour éviter cela, et cela leur suffit à accepter la vaccination. Nous les appelons les volontaires.

Volontaires

Dans tous les pays du monde, les volontaires représentent la vaste majorité de la population. Ces personnes sont prédisposées à accepter les vaccins et considèrent la vaccination comme une question de bon sens, d’où leur facilité à l’accepter. Par conséquent, lors des premiers échanges avec ces personnes, il n’est pas nécessaire de les convaincre de la nécessité de la vaccination, car elles en sont déjà convaincues. Les activités de communication peuvent donc se concentrer sur la sensibilisation à la poliomyélite et aux campagnes de vaccination.

Facteurs clés pour les volontaires

  • Les personnes volontaires font généralement confiance aux figures d’autorité et aux prestataires de soins de santé, y compris nos agents de santé.
  • Elles sont sensibles à la menace que constitue la poliomyélite pour leurs enfants.
  • Elles comprennent la nécessité de faire vacciner leurs enfants et sont réceptives à la communication sur la poliomyélite.
  • Bien que les volontaires soient généralement plus ouverts aux vaccinations répétées s’ils en reconnaissent la nécessité, le caractère répété des campagnes et une mauvaise gestion de celles-ci peut entraîner une forme de lassitude, et les amener à devenir réfractaires à la vaccination.
  • Le parcours du volontaire

Le parcours des personnes volontaires se caractérise par la brièveté de chaque étape et par l’absence de résistance tout au long de celui-ci, ce qui facilite le travail des agents de santé lors de la prise de contact. La prise de conscience, la résonnance et la prise en considération interviennent simultanément, car les messages sur la vaccination les confortent dans leur opinion.

Rappelez-vous toutefois qu’avec le temps, les campagnes répétées de vaccination contre la poliomyélite risquent d’épuiser la patience des volontaires, aussi compréhensifs soient-ils. Il est donc primordial d’axer les communications sur des thèmes dépassant le cadre de la sensibilisation au fil du temps.

Réfractaires

Le second état d’esprit est celui des réfractaires. Ils représentent généralement une minorité de personnes à risque, mais ils se regroupent souvent dans des communautés offrant un environnement social et culturel qui favorise leur incrédulité et leur méfiance à l’égard de la vaccination.

Les réfractaires, en tant qu’individus, ne présentent pas une menace majeure à l’éradication. Cependant, le regroupement de réfractaires dans des zones où l’immunité de la population est faible et où la vulnérabilité à la poliomyélite est élevée peut constituer un terrain propice à la propagation du virus. Dans certains cas, les réfractaires peuvent représenter un petit nombre de personnes qui exercent une influence importante et stratégique sur la population ciblée. Il est donc important, non seulement, d’identifier les réfractaires, mais aussi de déterminer les personnes sur lesquelles il est essentiel de se concentrer.

Les personnes réfractaires se montrent réticentes à faire vacciner leurs enfants ou ont tendance à décourager la vaccination d’autres enfants. Ce comportement a des causes profondes complexes et entremêlées. L’approche traditionnelle ne fonctionnera pas : il est donc nécessaire d’adopter une approche spécifique pour ce groupe de personnes.

Facteurs clés pour les réfractaires

  • La décision de vacciner leur semble difficile à prendre et risquée. Les réfractaires peuvent être influencés par des incertitudes et des rumeurs concernant les bienfaits et les dangers de la vaccination contre la poliomyélite.
  • Ils peuvent avoir plus de difficultés à satisfaire leurs besoins élémentaires en matière d’alimentation, d’eau, de logement, de sécurité et de sécurité électrique. De ce fait, il est possible qu’ils privilégient ces questions à celle de la vaccination, notamment en cas de campagnes répétées.
  • Les normes culturelles et sociales locales peuvent également leur interdire de se faire vacciner.
  • Ils peuvent avoir le sentiment que leur famille, leurs voisins, les responsables communautaires, les chefs religieux ou d’autres personnes d’influence s’opposent à la vaccination contre la poliomyélite.
  • Dans certains cas extrêmes, ils peuvent être témoins d’actes de violence perpétrés par d’autres membres de la communauté en lien avec le vaccin.
  • Les stratégies de communication peuvent s’avérer inefficaces pour sensibiliser les personnes à la poliomyélite lorsque celles-ci possèdent un faible niveau d’alphabétisation et d’éducation. Le manque d’instruction peut également favoriser les rumeurs et d’autres explications néfastes.
  • Les réfractaires peuvent accorder plus d’importance aux interprétations traditionnelles, culturelles et religieuses de la médecine qu’aux explications scientifiques. Par conséquent, il est crucial de présenter le concept des soins médicaux préventifs, dans lesquels s’inscrivent les vaccins, de manière différente pour qu’il trouve un écho auprès de ces personnes.
  • Il se peut qu’elles se méfient énormément des institutions, des organisations et des personnes à l’origine des communications sur la poliomyélite, notamment leur gouvernement national, leur ministère de la Santé, mais aussi l’UNICEF, l’OMS et d’autres organismes internationaux.
  • Elles peuvent aussi être habituées à ne solliciter des soins médicaux qu’en cas de douleurs ou de problèmes manifestes. Par conséquent, la notion de maladie incurable, mais évitable, comme la poliomyélite, ne leur est pas nécessairement familière.
  • Leur refus peut être catégorique ou se manifester par l’absence de leur enfant pour une raison non valable.

Le parcours du réfractaire

Le parcours des réfractaires est propre aux conditions locales et nécessite d’adopter une approche sur mesure et adaptable en matière de communication et de médias choisis.

Ainsi, les activités de communication de masse qui permettent de toucher une majorité de personnes au sein d’une population donnée ne s’avèrent pas toujours pertinentes pour amener certains individus à envisager sérieusement la vaccination s’ils font partie d’une communauté associée à une sous-culture. La stratégie de communication n’est donc pas en adéquation avec leurs valeurs culturelles.

Durant une épidémie de poliomyélite, le parcours des réfractaires peut devenir une source de risque accru dans un contexte d’interventions en cours de déploiement, et ce notamment parce que la lassitude à l’égard de la vaccination peut amener des personnes auparavant volontaires à rejeter cette pratique à leur tour. Cela peut donc avoir pour effet de réduire le nombre de volontaires et d’accroître le nombre de réfractaires.

Considérations liées aux personnes itinérantes

Publics itinérants

Les volontaires comme les réfractaires peuvent être « itinérants » : ils n’ont pas de domicile fixe et sont donc plus difficiles à atteindre. Dans la mesure du possible, avec l’aide du gouvernement, la vaccination des enfants devrait devenir une condition préalable aux voyages et à l’emploi, quelle que soit la destination. Dans tous les autres cas de figure, il convient d’utiliser des moyens de communication adaptés pour toucher les populations itinérantes.

Il est essentiel de réfléchir aux meilleures façons d’atteindre et de vacciner ces populations. Pour ce faire, il est généralement nécessaire de disposer de supports de communication à certains points de transit clés. Réussir une interaction avec une personne s’occupant d’enfants qui est généralement pressée, non préparée et peut-être peu désireuse de recevoir un service de santé à ce moment-là, surtout si elle a déjà reçu le même service plusieurs fois auparavant, dépend aussi fortement de la communication interpersonnelle.

En outre, les motivations des personnes itinérantes devraient être exploitées pour encourager la vaccination. Ces personnes de passage, potentiellement déplacées, sont des « étrangers en terre étrangère », et nous avons la possibilité de faire écho chez elles si nos

messages reconnaissent leur lieu d’origine, leur destination ou la raison de leur voyage. La familiarité avec la « marque » est une source importante de confiance qui devrait être utilisée dans les activités de communication aux points de passage.

Facteurs clés pour les personnes itinérantes

  • Les activités de communication doivent être adaptées pour refléter la culture et le pays d’origine des publics itinérants.
  • Si la poliomyélite était un problème dans leur lieu d’origine, harmonisez les messages et « l’image de marque » avec le lieu d’origine ou le lieu de voyage.
  • Identifiez et utilisez des porte-parole et des sources qu’ils considèrent comme crédibles pour instaurer la confiance.
  • Il se peut que les publics itinérants soient moins familiers avec la poliomyélite. Il est donc important de présenter la vaccination comme une question de santé régionale essentielle.
  • Il se peut qu’ils soient moins familiers avec la vaccination contre la poliomyélite. Il est donc important de la présenter comme une question de santé régionale essentielle.
  • Utilisez les canaux médiatiques appropriés, tels que :
  • Les cabines dans les principaux lieux de transit ;
  • Les camionnettes mobiles affichant des supports de communication ;
  • Les bus urbains ;
  • Les services de messagerie écrite (SMS) et vocale destinés aux personnes qui traversent des frontières ;
  • Les autres médias extérieurs dans les espaces publics tels que les gares, les bus, les arrêts de bus, les marchés, les kiosques à lait, les banques et les écoles.
  • Si possible et lorsque cela est approprié, regroupez la vaccination contre la poliomyélite avec d’autres messages sur les services de santé souhaités.
  • Utilisez des moyens de communication multiusages, tels que des brochures qui peuvent être pliées en petits jouets pour les enfants.

Types de public : personnes s’occupant d’enfants et personnes influentes

Il existe deux grands types de publics dans nos communications : les personnes s’occupant d’enfants et les personnes influentes.

Personnes s’occupant d’enfants

Les personnes s’occupant d’enfants sont les membres de la famille qui peuvent prendre la décision d’accepter ou de refuser la vaccination de leurs enfants. Pour comprendre leur rôle, lisez le tableau ci-dessous.

Personnes influentes

Les personnes influentes sont les individus clés qui exercent une influence sur les personnes s’occupant d’enfants aux différents niveaux du modèle socioécologique. Il peut s’agir d’anciens, de chefs religieux et responsables communautaires, de personnalités politiques et d’autres membres de la société.

Il peut être utile de cibler, d’aborder et de faire participer les publics secondaires qui influencent les personnes ayant la charge d’enfants. Les tableaux suivants décrivent les types d’audience des personnes influentes et leurs profils communs afin de donner un aperçu de la manière dont elles peuvent être incluses dans les efforts de communication liés à l’épidémie. Ces tableaux sont dérivés du cadre de communication pour le développement (C4D) du modèle socioécologique, mais se concentrent spécifiquement sur les publics qui peuvent influencer directement la personne qui a la charge d’enfants.

Obstacles liés à la situation et obstacles liés aux attitudes

Le rejet de la vaccination peut être catégorisé de deux manières. La première est liée à la situation : il peut s’agir de surmonter un défi extérieur, par exemple un manque de sensibilisation ou un contexte sécuritaire complexe. La seconde est liée aux attitudes : les personnes s’occupant d’enfants ont intériorisé le rejet de la vaccination. Une approche plus nuancée est donc souhaitable pour modifier ce comportement.

Obstacles liés à la situation

Souvent, les obstacles liés à la situation peuvent être surmontés en diffusant au public les bonnes informations grâce à des activités de communication de masse et de communication interpersonnelle. Les exemples de campagnes et d’interventions immédiates recommandées sont des concepts à adapter aux spécificités culturelles et sociales de votre public cible.

Prise de conscience

Dans tout scénario, quel qu’il soit, il est essentiel de sensibiliser les populations à l’épidémie et aux risques qu’elle pose pour les enfants. Dans l’idéal, il faut que cette prise de conscience se fasse en amont des campagnes de vaccination. Dans le cas du segment de population qui soutient déjà la vaccination, la prise de conscience est peut-être le seul obstacle à surmonter. Lorsque vous élaborez votre stratégie de communication, pensez aux éléments suivants :

  • Prise de conscience et compréhension de la maladie, et capacité à nommer/identifier les symptômes ;
  • Prise de conscience de l’existence d’une épidémie et des risques accrus qu’elle pose pour les enfants vivant dans la zone ;
  • Prise de conscience de l’existence du vaccin et de la nécessité d’administrer plusieurs doses pour que les enfants soient protégés dans le cas de la vaccination orale ;
  • Prise de conscience de la campagne et des dates auxquelles les agents de santé se présenteront au domicile des populations ;
  • Sensibilisation à l’immunité collective et à l’impact des décisions individuelles de vaccination sur la santé des enfants de l’ensemble de la communauté.

Accès

Les différentes causes à l’origine des problèmes d’accès peuvent être réglées en combinant campagnes médiatiques et communication interpersonnelle.

Absence

Une visite de suivi suffit souvent à résoudre le problème en cas d’absence des enfants, mais des absences répétées peuvent poser un problème considérable dans les communautés, en particulier lorsque les personnes s’occupant d’enfants ne sont pas informées à l’avance de la tenue imminente d’une campagne de vaccination.

Caractère transitoire

Un caractère transitoire peut également présenter des problèmes d’accès, pour lesquels il est nécessaire de mettre en place des tactiques adaptées aux populations itinérantes (voir page 13).

Obstacles liés aux attitudes

Ces obstacles concernent en priorité les personnes réfractaires et s’expliquent par l’état d’esprit dans lequel elles se trouvent par rapport à la vaccination :

  • Doute quant à l’innocuité, l’efficacité et la nécessité du vaccin antipoliomyélitique ;
  • Certitude que d’autres membres de la communauté sont opposés à la vaccination ;
  • Doute quant à la crédibilité et aux motivations des agents de santé.

Ces obstacles sont généralement alimentés par les perceptions individuelles des normes communautaires. Par conséquent, les communications sur le thème doivent chercher à altérer la perception négative du vaccin antipoliomyélitique.

Les obstacles liés aux attitudes peuvent aussi naître d’un sentiment de lassitude vis-à-vis des campagnes vaccinales. Au fil des campagnes, les populations peuvent éprouver une lassitude face aux vaccinations répétées et devenir plus susceptibles de refuser le vaccin, surtout après la troisième ou quatrième vaccination. Le caractère nécessaire de ces vaccinations répétées peut ne pas être évident, surtout si l’épidémie régresse. Dans ce cas précis, il est essentiel de mettre l’accent sur l’importance de la vigilance communautaire et la nécessité de protéger tous les enfants en permanence jusqu’à l’éradication de la poliomyélite dans la région. Pour plus d’informations sur la vigilance communautaire, veuillez vous reporter à la section sur les barrières comportementales (page 26).

Choix du canal médiatique

Les différents canaux jouent des rôles différents dans la communication. Par exemple, les messages télévisés et radiophoniques sont efficaces pour sensibiliser à une question, tandis que les articles de presse écrite peuvent fournir des informations plus approfondies sur un sujet. Lors de la planification de votre communication, vous devez identifier les canaux et médias préférés de votre population cible et l’utilisation qu’elle en fait, ainsi que sa capacité à transmettre des informations au sein de ses réseaux sociaux.

Les technologies de l’information et de la communication (TIC), y compris les médias sociaux, sont efficaces pour diffuser des messages en temps réel aux membres de la population, s’ils y ont accès, pour recevoir des messages des médias sociaux, renforcer les messages, améliorer la prestation de services et créer des réseaux en ligne qui peuvent être activés pour mobiliser les communautés. La nature bidirectionnelle ou réciproque des plateformes numériques ou TIC favorise les dispositifs performants de retour d’informations ainsi que la participation dynamique des membres/populations au dialogue, en leur donnant les moyens de participer activement aux discussions plutôt que de recevoir des messages de manière passive. Chaque type de canal de communication présente des avantages et des inconvénients pour transmettre certains types de messages à des populations spécifiques.

Il est important de prendre en compte les points suivants :

La population cible que vous voulez atteindre :

  • La population cible a-t-elle accès au canal de communication ?
  • Le canal de communication atteindra-t-il votre population cible ?
  • Le canal de communication offre-t-il à la population la possibilité de formuler des remarques ?
  • Les canaux sont-ils perçus comme des sources d’informations fiables sur votre sujet ?

Le(s) message(s) que vous souhaitez transmettre :

  • Le canal est-il approprié pour le type de message que vous souhaitez transmettre (par exemple, visuel ou oral, simple ou complexe) ?

La portée du canal :

  • Le canal couvre-t-il une superficie suffisante pour que la population visée puisse recevoir les messages ?

Ponctualité du canal :

  • Le canal permet-il à la population visée de recevoir les messages quand elle le souhaite (par exemple, par SMS ou par l’intermédiaire d’un site Web) ou selon un horaire fixe (par exemple, une publicité à la radio) ?

Coût d’utilisation du canal :

  • Le programme de communication pour le développement dispose-t-il des ressources nécessaires pour utiliser certains canaux ?
  • Les canaux envisagés sont-ils rentables ?

Synergies avec d’autres activités du programme :

  • Le canal renforce-t-il les messages des autres activités du programme ?
  • La chaîne encourage-t-elle la population à s’impliquer ?
  • Les messages incitent-ils la population à solliciter des droits et des services ?

Source : UNICEF, Guide du PMNCH, Modèle 2 : http://www.unicef.org/cbsc/index_65738.html Mesure, suivi et évaluation

Mesure, suivi et évaluation

Suivi de votre campagne

Le suivi, également appelé évaluation du processus, est le contrôle de routine (quotidien) des activités et des produits livrables afin de s’assurer que la campagne se déroule comme prévu.

Le suivi peut permettre de :

  • Découvrir les problèmes ou les déviations de la campagne ;
  • Fournir des informations pour améliorer la prise de décision ;
  • Mesurer les changements de comportement.

Si nécessaire, le message, le matériel ou les activités peuvent être ajustés en temps voulu.

Principales mesures de suivi à prendre

Préparez un plan opérationnel : décrivez les informations qui seront recueillies, auprès de quelle(s) source(s), par qui, à quelles dates et à quel coût. Prêtez attention aux pratiques éthiques visant à garantir la confidentialité et la sécurité des informations concernant les participants au programme.

Développez des indicateurs d’évaluation : les indicateurs doivent refléter les variables qui entrent en ligne de compte dans le choix de la personne ayant la charge d’enfants. Il peut être utile de considérer les étapes du parcours de cette personne pour développer des indicateurs. Par exemple :

Prise de conscience

  • Conscience de l’existence de la poliomyélite
  • Connaissance du vaccin
  • Connaissance du lieu de vaccination et de la manière de se faire vacciner
  • Connaissance de la campagne vaccinale
  • Souvenir de « l’image de marque »
  • Souvenir du message
  • Impressions télévision
  • Impressions radio

Résonance

  • Perception de la poliomyélite comme une maladie probable et grave
  • Compréhension de l’importance de la vaccination contre la poliomyélite
  • Appréciation personnelle du vaccin antipoliomyélitique oral comme un vaccin sûr et efficace
  • Compréhension du concept d’immunité collective
  • Perceptions collectives du vaccin contre la poliomyélite

Hypothèse

  • Intention de se faire vacciner

Contact avec les agents de santé

  • Perception de l’agent de santé comme membre de la communauté
  • Perception de l’agent de santé comme étant une personne honnête et morale
  • Perception de l’agent de santé comme étant une personne compétente

Vaccination

  • Nombre de vaccinations réussies

Rappel de la vaccination

  • Intention de se faire vacciner une nouvelle fois
  • Couverture vaccinale
  • Efficacité du contact
  • Succès du rappel de la vaccination

Mobilisation sociale et activités de plaidoyer

  • Communication entre pairs
  • Activités de plaidoyer par les pairs
  • Résultats nets (personnes qui vaccinent et personnes vaccinées)

Création des outils que le personnel du programme utilisera pour mener les activités de suivi. Par exemple :

  • Listes de contrôle à l’intention des observateurs
  • Groupes de discussion hebdomadaires pour les téléspectateurs
  • Brefs questionnaires d’enquête hebdomadaires
  • Séries trimestrielles d’enquêtes d’évaluation rapide de l’audience
  • Groupes de discussion trimestriels
  • Études sur les connaissances, attitudes et pratiques

Élaborer un plan d’analyse des données de suivi :

  • Décrivez les informations qui seront analysées, comment, par qui et à quelles dates. Il est utile de créer des tableaux fictifs pour l’analyse des données.

Développez des modèles de rapports de suivi :

  • Créez des formulaires de rapport faciles à utiliser, en tenant compte du temps qu’il faudra pour les remplir et les lire. Le format doit être concis afin que les informations puissent être facilement interprétées et mises en œuvre.

Développez un mécanisme d’utilisation des rapports de suivi pour soutenir les activités du programme en cours :

  • Créez un processus d’examen des rapports de suivi, discutez-en avec le personnel, les partenaires et les parties prenantes si nécessaire et déléguez des tâches pour résoudre tout problème détecté par les activités de suivi.

Rédigez un rapport sur les conclusions de l’étude d’évaluation :

  • Il est essentiel de communiquer efficacement les résultats des évaluations si l’on veut qu’ils soient utilisés pour le plaidoyer et la replanification. Le descriptif doit être étayé par des graphiques et des illustrations pour aider le lecteur à comprendre les résultats. Traduisez le rapport dans les langues locales si nécessaire.

Diffusez les résultats :

  • Partagez et discutez des résultats de l’évaluation avec les partenaires concernés, les donateurs, l’ensemble des parties prenantes, les communautés ainsi que les participants au programme ou à l’étude, le cas échéant. Le personnel du programme doit rechercher les occasions de transmettre les résultats de l’évaluation par l’intermédiaire d’exposés détaillés, de sites Web, de courriers électroniques, de bulletins, de listes de diffusion, de communiqués de presse, d’articles de journaux, de présentations de conférences et d’autres forums appropriés. Pour que les résultats soient le plus utiles possible, il faut s’assurer qu’ils sont communiqués dans des formats adaptés aux besoins des destinataires.

Méthodes de collecte des données

Il existe de nombreuses méthodes de collecte de données quantitatives et qualitatives. La ou les méthodes choisies pour une évaluation dépendront (1) de l’objectif de l’évaluation ; (2) des utilisateurs de l’évaluation ; (3) des ressources disponibles pour mener l’évaluation ; (4) de l’accessibilité des participants à l’étude ; (5) du type d’information (par exemple, généralisable ou descriptive) et ; (6) des avantages ou inconvénients relatifs de la ou des méthodes. Toutes les évaluations devraient viser à utiliser des méthodes mixtes, c’est-à-dire une combinaison de méthodes quantitatives et qualitatives, afin de saisir les multiples facettes des résultats/impacts du programme et de pouvoir trianguler les résultats.

Source : UNICEF, Guide du PMNCH, Modèle
2 : http://www.unicef.org/cbsc/index_65738.html

En savoir plus

Explorez les deux autres modules d'apprentissage de ce didacticiel en 3 étapes pour concevoir des stratégies de communication fondées sur des données probantes pour aider à vacciner chaque enfant.

Intégrez des stratégies de communication, appréhendez leurs forces et leurs faiblesses, puis évaluez leur performance.

Vous ne pouvez pas tout faire : il est donc essentiel de savoir hiérarchiser vos interventions et cibler les comportements.