Stabilisation

Définition du scénario de stabilisation

À la fin d’une épidémie, ou lorsque la poliomyélite est officiellement éradiquée d’un pays endémique, le pays en question (ou parfois, une zone d’un pays) entre dans le scénario de stabilisation. Cette étape a deux objectifs : le maintien de taux élevés d’immunité et de couverture vaccinale, ainsi que la transition d’un axe sur la poliomyélite vers la problématique plus large de la santé de l’enfant, en insistant sur la démonstration et la description des comportements de demande de soins des enfants comme bons, normaux, responsables et ne prêtant pas à controverse. Ces objectifs sont liés et doivent être poursuivis simultanément.

Stratégie de communication au sujet de la stabilisation

Objectif 1 : garder des taux de vaccination élevés

Bien que l’épidémie ait pris fin, nous souhaitons nous assurer que l’immunité reste élevée. Certaines personnes n’ont probablement encore jamais été vaccinées. Des taux de vaccination élevés doivent être conservés aux fins suivantes :

  1. empêcher les porteurs non symptomatiques d’être à l’origine d’une nouvelle épidémie ;
  2. protéger les personnes qui, pour raisons médicales, ne peuvent pas être vaccinées ;
  3. empêcher la propagation du poliovirus dérivé d’une souche vaccinale ;
  4. protéger la population de l’entrée sur le territoire de l’épidémie provenant de pays ou de zones où la transmission est en cours.

Dans le scénario de stabilisation, les personnes s’occupant d’enfants, les personnes influentes et les agents de santé peuvent ne pas être conscients que les menaces existent toujours et ainsi devenir complaisants et être fatigués des campagnes incessantes. Afin de lutter contre la complaisance et la fatigue, rappelez aux personnes s’occupant d’enfants que la vaccination contre toutes les maladies est ordinaire et normale, ainsi que la raison pour laquelle les maladies infantiles reculent dans leur région. Faire en sorte que les personnes s’occupant d’enfants sachent quand, où et comment se faire vacciner et obtenir d’autres soins de santé.

S’attarder sur les journées et campagnes en faveur de la vaccination promouvant des messages clairs qui transmettent les informations essentielles aux personnes s’occupant d’enfants (le « quand, où, comment et quoi » de chaque campagne) et effectuer un suivi de ces communications à l’aide d’enquêtes mesurant leur effet.

Objectif 2 : transition de la poliomyélite vers la santé, en établissant des normes et habitudes de soutien

Les installations et la capacité mises en place pour répondre à une épidémie de poliomyélite donnent l’occasion d’améliorer la santé globale de l’enfant – en particulier, l’immunisation – lors de la phase de stabilisation en s’appuyant sur le succès de la vaccination contre la poliomyélite afin de tendre vers un comportement similaire des personnes s’occupant d’enfants en matière de vaccination et d’autres pratiques sanitaires de routine.

La première étape pour effectuer la transition de la poliomyélite vers la santé est d’établir une référence claire des données relatives aux facteurs de connaissance, d’attitude et de pratiques s’agissant de la vaccination, de l’immunisation systématique et d’autres problèmes infantiles clés. En particulier, les personnes s’occupant d’enfants doivent avoir une vision positive des agents de santé, de la vaccination systématique et des principes de base des soins de santé destinés à l’enfant et doivent ouvertement soutenir ces attitudes et ces pratiques au sein de leur communauté (pour obtenir plus d’informations, veuillez consulter les principes directeurs). S’il existe des lacunes dans ces attitudes et pratiques ou dans les liens entre demande et prestation des services, cela doit être placé au centre des stratégies et campagnes de communication.

Les étapes clés de la transition de la poliomyélite vers la santé sont les suivantes :

  1. établir un point de référence pour les attitudes et pratiques des personnes s’occupant d’enfants en matière de vaccination élargie et de santé de l’enfant au moyen d’études CAP ;
    1. Se concentrer sur les quatre éléments clés suivants :
      1. connaissances précises ;
      2. attitudes positives ;
      3. pratiques favorables ;
      4. données probantes montrant que les membres des communautés parlent ouvertement de la santé et la vaccination de l’enfant.
  2. Avec les partenaires, identifier les possibilités d’amélioration en matière de connaissances, d’attitudes et de pratiques, et garantir que la prestation de services réponde à la demande de la communauté ;
  3. analyser chaque possibilité d’utilisation du modèle socioécologique afin de trouver les solutions et les moteurs du changement de chacune d’entre elles ;
  4. élaborer les communications à l’aide de la boîte à outils et des concepts créatifs appropriés ;
  5. tester, peaufiner et optimiser les communications.

Processus de planification de la communication lors de la stabilisation

Le processus de planification de la communication lors de la stabilisation décrit les étapes à suivre et les décisions clés à prendre lors de l’élaboration des activités de communication. Chaque étape a pour référence une composante correspondante dans cette boîte à outils.

S’agissant de la stabilisation, le processus commence par une analyse des conditions (connaissances, attitudes, pratiques et normes sociales) qui créent un environnement favorable au maintien de taux de couverture vaccinale élevés, fondée sur le modèle socioécologique. Documentez les décisions que vous prenez et les informations que vous utilisez à chaque étape. Cela constituera une source de référence utile et une base pour les processus de planification futurs.

États d’esprit et types de public

États d’esprit : les volontaires et les réfractaires

Cette section de la boîte à outils vous aidera à comprendre comment traiter les états d’esprit fondamentaux et les types de public que votre communication doit cibler lors des scénarios de stabilisation.

Au sein du scénario de stabilisation et à la suite d’une épidémie, le risque posé par les réfractaires aura été minimisé en raison des effets de l’immunité collective. Il faut donc se recentrer sur les volontaires et sur le maintien de la conformité de ces derniers à la vaccination répétée. Alors qu’aucune épidémie active n’est en cours, il est important de garder des attitudes et pratiques positives et favorables auxquelles les volontaires sont réceptifs par le suivi et la gestion des risques posés par les obstacles énumérés à la page X.

Les volontaires dans les scénarios de stabilisation

Dans les scénarios de stabilisation, nous souhaitons que les volontaires partagent ouvertement leur état d’esprit avec les autres membres de la communauté. En parlant ouvertement de la vaccination et des agents de santé, les volontaires nous aident à clarifier le fait que la majorité des gens sont d’accord avec la vaccination répétée.

Facteurs généraux pour les volontaires dans les scénarios de stabilisation

  • Les volontaires sont sensibles à la menace que constituent la poliomyélite et d’autres maladies pour leurs enfants.
  • Ils comprennent la valeur de la vaccination et vont généralement se faire vacciner s’ils peuvent le faire facilement.
  • Les volontaires font généralement confiance aux figures d’autorité et aux prestataires de soins de santé, y compris nos agents de santé.
  • Bien que les volontaires soient généralement plus ouverts aux vaccinations répétées s’ils en reconnaissent la nécessité, ils peuvent néanmoins se sentir frustrés par la répétition des campagnes de vaccination si celles-ci ne sont pas bien gérées, ce qui peut les amener à devenir réfractaires.

Le parcours du volontaire

Le parcours du volontaire se caractérise par la brièveté de chaque étape et par l’absence de résistance tout au long de celui-ci, ce qui facilite le travail des agents de santé lors de la prise de contact. La prise de conscience, la résonnance et la prise en considération interviennent simultanément, car les messages sur la vaccination les confortent dans leur opinion.

[Barre latérale] 
Rappelez-vous toutefois qu’avec le temps, les campagnes répétées de vaccination contre la poliomyélite risquent d’épuiser la patience des volontaires, aussi compréhensifs soient-ils. Il est donc primordial d’axer les communications sur des thèmes dépassant le simple cadre de la sensibilisation au fil du temps.
[Fin de la barre latérale]

Les réfractaires dans les scénarios de stabilisation

Le second état d’esprit est celui des réfractaires. Les scénarios de stabilisation peuvent tolérer un petit nombre de réfractaires grâce à l’immunité collective apportée par la vaccination de masse. S’ils sont éloignés les uns des autres, il n’est pas nécessaire de les cibler et de les sensibiliser spécifiquement, car la menace qu’ils posent est minime.

Dans le cas où une concentration notable de réfractaires se forme dans une même zone, une masse critique d’enfants vulnérables peut se développer au fil du temps. Cela pourrait former des conditions propices à un épisode d’épidémie. Développez des microplans afin de suivre les performances des campagnes et identifiez les concentrations potentiellement dangereuses d’enfants n’ayant pas reçu de vaccin et de réfractaires.

Publics itinérants

Les volontaires comme les réfractaires peuvent être « itinérants ». C’est-à-dire qu’ils n’ont donc pas de domicile fixe et sont plus difficiles à atteindre. Dans la mesure du possible, avec l’aide du gouvernement, la vaccination des enfants devrait devenir une condition préalable aux voyages et à l’emploi, quelle que soit la destination. Dans tous les autres cas de figure, il convient d’utiliser des moyens de communication adaptés pour toucher les populations itinérantes.

Nous devons envisager les meilleurs moyens d’atteindre et de vacciner ces populations. Pour y parvenir, il faut généralement prévoir des médias aux principaux points de passage. Cela dépend aussi fortement de la communication interpersonnelle pour réussir une interaction avec une personne s’occupant d’enfants qui est généralement pressée, non préparée et peut-être peu désireuse de recevoir un service de santé à ce moment-là, surtout si elle a déjà reçu le même service plusieurs fois auparavant.

En outre, les motivations des personnes en transit devraient être exploitées pour inciter à la vaccination. Ces personnes de passage, potentiellement déplacées, sont des « étrangers en terre étrangère », et nous avons la possibilité de faire écho chez elles si nos messages reconnaissent leur lieu d’origine, leur destination ou la raison de leur voyage. La familiarité avec la « marque » est une source importante de confiance qui devrait être utilisée dans les communications aux points de passage.

Facteurs clés pour les personnes itinérantes

  • Les communications doivent être adaptées pour refléter la culture et le pays d’origine des publics itinérants.
    • Si la poliomyélite était un problème dans leur lieu d’origine, harmonisez les messages et « l’image de marque » avec le lieu d’origine et/ou le lieu de voyage.
    • Identifiez et utilisez des porte-parole et des sources qu’ils considèrent comme crédibles pour instaurer la confiance.
  • Il se peut que les publics itinérants soient moins familiers avec la poliomyélite. Il est donc important de présenter la vaccination comme une question de santé régionale essentielle.
  • Il se peut que les publics de passage soient moins familiers avec la poliomyélite. Il est donc important de présenter la vaccination comme une norme sociale essentielle à l’échelle régionale.
  • Utilisez les canaux médiatiques appropriés, tels que les suivants :
    • les cabines dans les principaux lieux de transit ;
    • les camionnettes mobiles affichant des supports de communication ;
    • les bus urbains ;
    • les services de messagerie écrite (SMS) et vocale destinés aux personnes qui passent des frontières ;
    • les autres médias extérieurs dans les espaces publics tels que les gares, les bus, les arrêts de bus, les marchés, les kiosques à lait, les banques et les écoles.
  • Si possible et lorsque cela est approprié, regroupez la vaccination contre la poliomyélite avec d’autres messages sur les services de santé souhaités.
  • Utilisez des moyens de communication multiusages, tels que des brochures qui peuvent être pliées en petits jouets pour les enfants.

Types de public : personnes s’occupant d’enfants et personnes influentes

Nos communications s’adressent principalement aux deux publics suivants : les personnes s’occupant d’enfants et les personnes influentes.

Personnes s’occupant d’enfants

Les personnes s’occupant d’enfants sont les membres de la famille qui peuvent prendre la décision d’accepter ou de refuser la vaccination de leurs enfants. Le tableau ci-dessous décrit le rôle des personnes qui s’occupent d’enfants lors des phases de stabilisation.

Les personnes influentes sont les individus clés qui exercent une influence sur les personnes s’occupant d’enfants aux différents niveaux du modèle socioécologique. Il peut s’agir des anciens, des chefs religieux et responsables communautaires, des personnalités politiques et d’autres membres de la société.

Il peut être utile de cibler, d’aborder et de faire participer les publics secondaires qui influencent les personnes ayant la charge d’enfants. Les tableaux suivants décrivent les types de public des personnes influentes et leurs caractéristiques communes afin de donner un aperçu de la manière dont ils peuvent être intégrés dans le scénario de stabilisation. Ces tableaux sont dérivés du modèle socioécologique de communication pour le développement, mais se concentrent spécifiquement sur les publics qui peuvent influencer directement les personnes qui ont la charge d’enfants.

Traiter les obstacles dans les scénarios de stabilisation

Dans un scénario de stabilisation, les obstacles rencontrés sont différents de ceux des épidémies et épidémies durables. Ils sont éclairés par l’objectif stratégique global de stabiliser le taux élevé de couverture vaccinale en faisant de la vaccination infantile un comportement ordinaire et systématique des personnes s’occupant d’enfants.

Le plus grand risque qui se présente à la fin d’une épidémie est la non-conformité passive ou active due à la complaisance. Les personnes s’occupant d’enfants pourraient ne plus se sentir menacées et être fatiguées des multiples campagnes de vaccination ayant eu lieu lors de l’épidémie. Ils peuvent alors croire qu’il n’y a plus besoin de faire vacciner continuellement leurs enfants.

Les principales catégories d’obstacles pour les personnes s’occupant d’enfants dans le scénario de stabilisation sont liées à l’attitude, au comportement et à la logistique. Concentrez-vous sur le traitement et la suppression des problèmes à chacun de ces niveaux afin de garder les communautés exemptes de poliomyélite et d’élargir les efforts de vaccination à des problématiques sanitaires générales. Figure ci-dessous une série de questions pour vous aider à comprendre certains des obstacles rencontrés lors de l’étape de stabilisation, suivie de lignes directrices relatives à la manière de traiter les obstacles.

Obstacles logistiques

Questions :

  • La vaccination systématique contre la poliomyélite est-elle disponible ?
  • La vaccination systématique contre la poliomyélite est-elle pratique ?
  • Les personnes s’occupant d’enfants la trouvent-elles commode ?
  • Savent-elles où et quand les services de vaccination systématique contre la poliomyélite sont disponibles ?

Orientations :

Lorsqu’un comportement devient systématique et ordinaire, des frictions au niveau logistique peuvent former l’obstacle principal. Si les personnes s’occupant d’enfants ne trouvent pas la vaccination pratique, accessible et facile, elles n’iront pas se faire vacciner, même si elles y sont par ailleurs favorables. Il est important de garantir que la prestation des services et les opérations soient bien préparées et que la présence soit élevée dans l’ensemble du programme de vaccination. En outre, maintenez un suivi régulier de la prise de conscience de ces facteurs et discutez des conclusions avec les partenaires chargés de veiller à ce que les services soient adéquats et accessibles. Identifiez les possibilités d’affirmer que la vaccination est très pratique ainsi que de fournir directement aux personnes s’occupant d’enfants les informations dont elles ont besoin pour se faire vacciner et agissez en conséquence.

Obstacles liés à l’attitude

Questions :

  • Les personnes s’occupant d’enfants soutiennent-elles vivement la vaccination systématique, notamment contre la poliomyélite ?
  • Considèrent-elles que la vaccination est une chose ordinaire, normale et importante à faire pour le bien de tous ?
  • Voient-elles les agents de santé comme des personnes admirables et empathiques en qui elles peuvent avoir confiance ?


Orientations :

Pour maintenir des taux de couverture élevés, il est nécessaire de fournir un soutien élargi et contenu à la vaccination à l’échelle individuelle. L’une des conditions sine qua non pour orienter les efforts des campagnes vers des initiatives liées à la santé générale est de veiller à ce que les personnes s’occupant d’enfants aient une bonne image des agents de santé.

Identifiez les possibilités d’affirmer et de répéter que la vaccination est utile ainsi que la bonne chose à faire et agissez en conséquence. Si nécessaire, rappelez aux personnes s’occupant d’enfants qu’en ne prenant pas part à la vaccination systématique, elles mettent leurs enfants – et ceux de leur communauté – en danger. De plus, continuez à actualiser et utiliser les communications qui donnent une image positive et admirable des agents de santé.

Lorsque les comportements fondés sur des perceptions négatives s’appuient sur l’inadéquation des services ou la mauvaise performance des agents de santé, les communications devraient être axées sur l’amélioration des compétences interpersonnelles du personnel en première ligne. Ce n’est qu’après cela que les communications élargies peuvent donner de manière crédible une image positive et admirable des agents de santé. Souvenez-vous que l’objectif de notre stratégie est d’instaurer la confiance et de communiquer avec authenticité. Les messages que l’on transmet doivent être aussi proches de la réalité opérationnelle que possible.

Obstacles comportementaux

Questions :

  • Les personnes s’occupant d’enfants acceptent-elles de se faire vacciner lorsqu’on leur en donne la possibilité ?
  • Les personnes s’occupant d’enfants parlent-elles souvent entre elles de leur soutien à la vaccination ?
  • Les familles parlent-elles souvent entre elles de leur soutien à la vaccination ?

Orientations :

Le soutien à la vaccination doit aussi se traduire en actions ; le comportement réel des personnes s’occupant d’enfants au regard de la vaccination est donc important. Si elles ont tendance à accepter la vaccination lorsqu’elle est proposée ou, dans l’idéal, la recherche, cela montre que la vaccination devient une habitude et un comportement normal. Les personnes s’occupant d’enfants doivent aussi entendre des informations favorables aux vaccins des uns les autres en plus de nos communications.

Utilisez des données pour éclairer les personnes s’occupant d’enfants au sujet des taux élevés d’acceptation afin de bien installer l’acceptation comme un comportement normal. Identifiez les possibilités de montrer des personnes discutant entre elles de manière positive de la vaccination pour bien installer l’acte de soutien à la vaccination comme un comportement normal et agissez en conséquence.

CIBLEZ ET LUTTEZ CONTRE LES PERCEPTIONS ET NORMES SOCIALES NÉFASTES À L’AIDE DE CONTRE-EXEMPLES CONVAINCANTS

Les attitudes, les perceptions, les croyances et les normes comportementales des groupes sociaux ont une influence sur la manière dont leurs membres se comportent. Lorsqu’ils ne sont pas sûrs, les gens se réfèrent aux comportements des autres pour agir. Si nous faisons en sorte que les personnes s’occupant d’enfants aient conscience de la large acceptation de la vaccination, il est plus probable qu’elles la rechercheront dans le cadre des soins à apporter systématiquement à leurs enfants. Mettez en œuvre des communications qui mettent cela en place en traitant explicitement les normes sociales en vue de créer des comportements positifs et favorables.

ASPECTS CLÉS :

  1. Ciblez un comportement spécifique devant être influencé par une norme sociale (l’accès des agents de vaccination aux enfants à domicile, par exemple).
  2. Communiquez une nouvelle norme descriptive souhaitée au public afin d’accroître la prise de conscience de ce qui constitue un comportement normal.
    • « 98 % des membres de la [COMMUNAUTÉ A] laissent entrer les agents de vaccination afin de protéger leurs enfants de la poliomyélite. »
  3. Appliquez des normes injonctives au message dès que possible.
    • « Tout le monde laisse entrer les agents de vaccination, car c’est la bonne chose/la chose honorable à faire. »
  4. Les injonctions négatives peuvent être plus importantes que celles qui sont positives et doivent être envisagées lorsque c’est possible :
    • « Ce n’est pas bien de dire non aux agents de vaccination qui viennent parce que cela met tous les enfants du quartier/de la tribu/de la famille en danger. »
  5. Créez des contre-exemples convaincants qui mettent en parallèle des qualités culturelles afin de changer la perception des réfractaires.
    • « Seuls les ignorants et les personnes déraisonnables ne font pas vacciner leurs enfants. »

LORS DU SOUTIEN À DES CAMPAGNES DE VACCINATION SPÉCIFIQUES (P. EX., UNE JOURNÉE NATIONALE DE VACCINATION), EXAMINEZ LES COMMUNICATIONS POUR TROUVER DES POSSIBILITÉS DE DÉCRIRE LES AGENTS DE SANTÉ DE MANIÈRE POSITIVE ET HUMAINE, EN INSISTANT SUR LA CONFIANCE QU’ILS INSPIRENT.

Pour plus de renseignements, veuillez consulter la stratégie mondiale et le premier principe directeur.

DE LA POLIOMYÉLITE À LA SANTÉ

TRANSITION D’UN AXE PLACÉ SUR LA POLIOMYÉLITE À LA CRÉATION D’UNE DEMANDE D’AUTRES SERVICES DE SANTÉ ET DE SOUTIEN

Notre approche habituelle de la communication au sujet de la poliomyélite insiste sur les informations à propos de la maladie et du vaccin avec pour but que les gens aient peur de la poliomyélite et souhaitent être protégés par le vaccin. Cet axe placé sur la perception du danger n’a pas besoin d’être utilisé dans le scénario de stabilisation, surtout dans les endroits où les conditions de vie élémentaires sont difficiles et où les personnes s’occupant d’enfants traitent en priorité leurs besoins élémentaires plutôt que des problèmes qu’elles ne rencontrent pas au quotidien.

Les camps ou cliniques de santé – quand ils sont disponibles – donnent la possibilité de se servir du souhait de la population de bénéficier des produits et soins de santé de première nécessité. Ils permettent de regrouper la vaccination avec d’autres services.

ASPECTS CLÉS :

  1. Présentez la vaccination contre la poliomyélite comme faisant partie d’un « panier » ou « groupement » de services, en mettant en valeur les services que l’on peut proposer et qui sont les plus demandés dans la zone géographique, particulièrement l’approvisionnement en eau et d’autres produits et soins d’urgence.
  2. S’il est possible d’adopter une approche fondée sur les camps de santé, communiquez et insistez sur le fait qu’ils sont neufs, ainsi que sur l’amélioration qu’ils représentent par rapport aux anciens services afin de générer de la demande.
    • Créez des preuves sociales à l’avance en communiquant au sujet des intentions de la majorité des gens qui se rendent dans ces camps, même si les mesures de ces intentions sont inexactes ou imparfaites.
    • Par exemple : « 80 % des gens ont dit qu’ils souhaitaient amener leurs enfants au camp de santé dans les deux premiers jours suivant son ouverture. »
    • Mettez le camp au centre de toutes les communications, notamment les médias, comme une amélioration pour la communauté.
    • Effectuez sans attendre un suivi auprès des visiteurs du camp, qu’ils soient contents ou non, afin de garantir que les services répondent aux attentes, ou les surpassent, et qu’un bouche-à-oreille positif au sujet des camps se propage rapidement.

Concepts créatifs

Il existe trois approches conceptuelles pouvant constituer le fondement des campagnes de communication de masse. Chacune d’entre elles considère les agents de santé et la santé de l’enfant de manière légèrement différente et peut être adaptée pour traiter des problèmes particuliers plus directement.

  • Les meilleurs d’entre nous
  • Nous sommes tous intimement liés
  • Plus des étrangers

Dans le scénario de stabilisation, l’approche « Les meilleurs d’entre nous » cherche à montrer l’engagement et la bienveillance du personnel de santé. Il s’agit d’une campagne « agréable » qui souligne le rôle joué par les agents de santé dans la protection de l’enfant ainsi que le maintien du moral à un bon niveau et de la confiance avec les familles et les communautés. 

La campagne « Nous sommes tous intimement liés » peut être utilisée pour communiquer au sujet des normes, des valeurs et des messages de soutien afin d’encourager la vaccination continue et donc de mener à une action collective et à la protection de la communauté. Elle peut être particulièrement utile dans les situations où la reconnaissance et les normes de soutien à la vaccination sont en perte de vitesse. 

Enfin, la campagne « Plus des étrangers » est adaptée aux communications qui appuient directement la création d’une confiance envers les agents de santé en première ligne qui mènent les efforts liés à la vaccination et d’autres aspects de la santé. Elle peut être utile dans les situations où les agents de santé ne sont pas bien connus des populations ciblées ou ne leur inspirent pas confiance.

« Les meilleurs d’entre nous sont ceux que l’on choisit pour accomplir les tâches les plus difficiles. » Dans de nombreux domaines, les agents de santé font face à des conditions particulièrement difficiles allant entre autres de l’éloignement géographique extrême à des problèmes de sécurité. Dans ces situations, le fait de les décrire en partant de l’importance et de la dignité du travail nécessaire nous permet de modeler la manière dont ils sont perçus par le public ainsi que celles dont ils se voient et voient leur travail.

Dans un scénario de stabilisation, par la célébration du succès récent lié à l’éradication de la poliomyélite dans le pays, l’approche « Les meilleurs d’entre nous » peut servir à promouvoir des objectifs de santé et de vaccination élargis.

On retrouve au cœur de ce concept l’idée que l’immunisation et la santé des enfants forment des obligations communautaires et que la communauté ne reste solide que si tous les enfants sont protégés. En s’inspirant de la riche tradition du textile dans de nombreuses régions à risque, cette approche adopte la métaphore de la communauté comme un tissu et l’utilise afin d’illustrer notre interconnexion. Elle décrit également les comportements positifs de soutien et d’acceptation de la vaccination.

Dans d’autres médias, la métaphore est filée en montrant d’autres types d’interrelations et d’interconnexion, comme le routier qui est connecté aux autres par ses trajets. Dans ces histoires, nous pouvons aussi décrire l’agent de vaccination de manière héroïque et très positive en vue de contourner les obstacles à l’acceptation et à l’accès. L’objectif est de normaliser, d’un point de vue social, la vaccination en insistant sur la responsabilité collective de vacciner chaque enfant pour le bien de tous les autres.

Plus des étrangers

Le fait de savoir quelque chose au sujet de quelqu’un – leur ville d’origine, leur tribu, leur religion ou même simplement leur nom – change la manière dont on les perçoit et notre comportement envers eux. Lorsque l’on ne voit les agents de santé qu’à l’aune du rôle qu’ils jouent, on n’a moins de chances de les écouter que si l’on avait plus d’informations. Ce concept crée une atmosphère de confiance envers les agents de santé en les humanisant. Dans les médias de masse, nous les abordons avec leur histoire et leurs centres d’intérêt, puis nous tournons vers leur rôle d’agent de santé.

Cela se retrouve tout au long de la formation en matière de communication interpersonnelle : nous demandons aux agents de santé de se présenter (« Bonjour ! Je m’appelle Baharwar. Je viens de Lorilai. Comment allez-vous ? ») avant de commencer à poser des questions au sujet des enfants. Cette approche est conçue spécialement pour modifier la perception globale des agents de santé, bien que les techniques de communication interpersonnelle soient universellement applicables quel que ce soit le domaine conceptuel.

Feuille de travail relative à la planification de la communication

La feuille de travail relative à la planification de la communication présente les questions clés de la planification d’une campagne de communication stratégique. En répondant à chacune des questions, vous identifierez et préciserez votre stratégie de communication. Une fois remplie, la feuille de travail sert de point de référence à la communication tout au long de l’élaboration de la campagne et de la coordination avec les partenaires, notamment avec les agences de création et de communication, ainsi que de la conception des nouveaux messages de communication interpersonnelle.

Les sections de cette feuille correspondent à celles de la boîte à outils, dans laquelle figurent plus d’informations et d’analyses pour chaque domaine d’intervention d’une section.

Choix du canal médiatique

À la fin d’une épidémie et après que la transition vers la stabilisation a été opérée, le but des communications et des points de contact des médias doit être réorienté aussi. Lors du scénario de stabilisation, les efforts médiatiques doivent être menés pour appuyer l’effort de vaccination en cours ainsi que la transition vers la prestation de davantage de services de santé qui seraient disponibles. Au moment où le message doit être réorienté de la crise sur l’optimisme et l’espoir, le choix du canal médiatique doit être en accord avec cette approche.

Au fur et à mesure que la crise s’éloigne et lorsqu’aucun cas n’a été signalé pour plusieurs mois, les communications médiatiques formeraient une voix plus cohérente au sujet des efforts continus de vaccination, de la vaccination systématique et, plus largement, d’autres regroupements de soins de santé. Les décisions relatives aux médias doivent être fondées sur un examen des performances des différents canaux médiatiques avant et après l’épidémie. Lors de l’examen des performances des médias, il faut aussi prendre en compte la promotion qui a été faite du programme jusque-là et la manière dont sa progression a été aidée ou empêchée. Les canaux médiatiques déployés seraient analogues à ceux ayant été utilisés pour bâtir le soutien continu à toute marque locale ou nationale qui souhaite rester pertinente et importante pour la population générale.

Voici les questions auxquelles répondre lors de la transition vers l’approche de stabilisation :

  • Cible-t-on les mêmes publics lors de la stabilisation que lors de l’épidémie ? Cible-t-on désormais un nombre plus grand de personnes ou un sous-groupe plus restreint ?
  • Quels canaux sont les plus appropriés pour transmettre des actualités ou des alertes relatives aux camps de santé et campagnes de vaccination systématique prévues ?
  • Quels canaux sont les plus connectés à la cohérence et au quotidien d’une communauté donnée ? Les feuilletons, la radio, la télévision, les informations, les journaux et les réseaux sociaux sont tous des exemples.
  • Le divertissement joue-t-il un rôle dans une connexion plus optimiste et positive avec l’effort de vaccination en cours ?
  • Quels canaux médiatiques ont pu être trop utilisés lors de l’épidémie et seraient donc à éviter ?
  • Quel type de média gagné et/ou de publicité la campagne reçoit-elle ou a-t-elle reçu ? Qu’est-ce qui peut être fait pour utiliser ou améliorer la publicité et les médias gagnés ?
  • Quelle est la bonne fréquence à adopter par les médias : ininterrompue pour que l’effort reste au cœur des préoccupations ou seulement lors de la promotion des campagnes dans les camps de vaccination ?
  • À quel point les supports « adaptés au lieu » stimulent-ils l’engagement avec les campagnes locales de vaccination et la réceptivité à celles-ci ? Les panneaux publicitaires, les bannières et les prospectus jouent tous un rôle dans les efforts locaux.

Mesure, suivi et évaluation

Suivi de votre campagne

Le suivi, également appelé évaluation du processus, est le contrôle de routine (quotidien) des activités et des produits livrables afin de s’assurer que la campagne se déroule comme prévu.

Le suivi permet les choses suivantes :

  • découvrir les problèmes ou les déviations de la campagne ;
  • fournir des informations pour améliorer la prise de décision ;
  • mesurer les changements de comportement ;

si nécessaire, le message, les supports ou les activités peuvent être ajustés en temps voulu.

Principales mesures de suivi à prendre

  1. Préparer un plan opérationnel : décrire les informations qui seront recueillies, auprès de quelle(s) source(s), par qui, à quelles dates et à quel coût. Prêter attention aux pratiques éthiques visant à garantir la confidentialité et la sécurité des informations concernant les participants au programme.
  2. Développer des indicateurs d’évaluation : les indicateurs doivent refléter les variables qui entrent en ligne de compte dans le choix de la personne s’occupant d’enfants. Il peut être utile de considérer les étapes du parcours de la personne s’occupant d’enfants. Par exemple :
  • Prise de conscience
  • Connaissance de l’existence de la poliomyélite
  • Connaissance de l’existence du vaccin
  • Connaissance du lieu et de la manière de se faire vacciner
  • Connaissance de la campagne
    • Rappel de « l’image de marque »
    • Rappel du message
    • Impressions télévision
    • Impressions radio
  • Résonance
    • Perception de la poliomyélite comme une maladie probable et grave
    • Compréhension de l’importance de la vaccination contre la poliomyélite
    • Perception du vaccin antipoliomyélitique oral comme un vaccin sûr et efficace
    • Compréhension du concept d’immunité collective
    • Perceptions collectives du vaccin contre la poliomyélite
  • Hypothèse
    • Intention de se faire vacciner
    • Perception de l’agent de santé comme un membre de la communauté
    • Perception de l’agent de santé comme une personne de confiance
    • Perception de l’agent de santé comme une personne compétente
    • Perception de l’agent de santé comme une personne honnête et exemplaire
  • Vaccination
    • Raisons pour lesquelles les enfants n’ont pas reçu de vaccin
    • Enfants n’ayant pas reçu de vaccin
    • Nombre de vaccinations réussies
  • Rappel de la vaccination
    • Intention de se faire vacciner une nouvelle fois
    • Couverture vaccinale
    • Efficacité du contact
    • Succès du rappel de la vaccination
  • Mobilisation sociale et activités de plaidoyer
    • Plaidoyer des personnes influentes
    • Plaidoyer par les pairs
  1. Créer des modèles pour le suivi de la collecte des données : Création ou adaptation des outils que le personnel du programme utilisera pour mener les activités de suivi. Par exemple :
    • Formulaires de suivi indépendant, adaptés des directives et formulaires mondiaux
    • Listes de contrôle à l’intention des observateurs de la campagne
    • Groupes de discussion hebdomadaires pour les téléspectateurs
    • Brefs questionnaires d’enquête hebdomadaires, en utilisant RapidPro ou d’autres outils techniques, si disponibles
    • Séries trimestrielles d’enquêtes d’évaluation rapide de l’audience
    • Groupes de discussion trimestriels
    • Études sur les connaissances, attitudes et pratiques (CAP) en utilisant le questionnaire et les méthodes d’enquête d’Harvard, lorsqu’approprié
    • Élaborer un plan d’analyse des données de suivi : Décrire les informations qui seront analysées, comment, par qui et à quelles dates. Il est utile de créer des tableaux fictifs pour l’analyse des données.
  2. Développer des modèles de rapports de suivi : créer des formulaires de rapport faciles à utiliser, en tenant compte du temps qu’il faudra pour les remplir et les lire. Le format doit être concis afin que les informations puissent être facilement interprétées et mises en œuvre.
  3. Développer un mécanisme d’utilisation des rapports de suivi pour soutenir les activités du programme en cours : créez un processus d’examen des rapports de suivi, discutez-en avec le personnel, les partenaires et les parties prenantes si nécessaire, et déléguez des tâches pour résoudre tout problème détecté par les activités de suivi. Cela peut être fait par l’intermédiaire des équipes spéciales chargées de la communication ou d’autres forums.
  4. Rédiger un rapport sur les conclusions du suivi après chaque campagne ou trimestre : il est essentiel de communiquer efficacement les résultats si l’on veut qu’ils soient utilisés pour le plaidoyer et la replanification. Le descriptif doit être étayé par des graphiques et des
  5. illustrations pour aider le lecteur à comprendre les résultats. Lorsque nécessaire, traduire le rapport dans les langues locales afin de garantir que les données atteignent l’ensemble des parties prenantes essentielles, en particulier celles qui mettent en œuvre des stratégies à l’échelle infranationale.
  6. Diffuser les résultats : partager les résultats de l’évaluation avec les partenaires concernés, les donateurs, l’ensemble des parties prenantes, les communautés ainsi que les participants au programme ou à l’étude, le cas échéant, et en discuter. Le personnel du programme doit rechercher les occasions de transmettre les résultats de l’évaluation par l’intermédiaire d’exposés détaillés, de sites Internet, de courriers électroniques, de bulletins, de listes de diffusion, de communiqués de presse, d’articles de journaux, de présentations lors de conférences et d’autres forums appropriés. Pour que les résultats soient le plus utiles possible, il faut s’assurer qu’ils sont communiqués dans des formats adaptés aux besoins des destinataires.

Méthodes de collecte des données

Il existe de nombreuses méthodes de collecte de données quantitatives et qualitatives. La ou les méthodes choisies pour une évaluation des facteurs suivants : 1) l’objectif de l’évaluation ; 2) les utilisateurs de l’évaluation ; 3) les ressources disponibles pour mener l’évaluation ; 4) l’accessibilité des participants à l’étude ; 5) le type d’information (par exemple, généralisable ou descriptive) ; et 6) les avantages ou inconvénients relatifs de la ou des méthodes. Toutes les évaluations devraient viser à utiliser des méthodes mixtes, c’est-à-dire une combinaison de méthodes quantitatives et qualitatives, afin de saisir les multiples facettes des résultats/impacts du programme et de pouvoir trianguler les résultats.

Source : UNICEF, Guide du PMNCH, Modèle 2. Disponible à l’adresse suivante : http://www.unicef.org/cbsc/index_65738.html.

En savoir plus

Explorez les deux autres modules d'apprentissage de ce didacticiel en 3 étapes pour concevoir des stratégies de communication fondées sur des données probantes pour aider à vacciner chaque enfant.

Intégrez des stratégies de communication, appréhendez leurs forces et leurs faiblesses, puis évaluez leur performance.

Vous ne pouvez pas tout faire : il est donc essentiel de savoir hiérarchiser vos interventions et cibler les comportements.